
Edito - Le « mieux » ennemi du « bien »
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 20 juin 2025
Les dirigeants israéliens ont évidemment le devoir d’assurer la sécurité de la population de l’État hébreu. Ce qui justifie sans doute la guerre contre le Hamas, mais pas les moyens employés pour atteindre ce but. On pense évidemment à la population civile de Palestine, affamée et privée de soins sur la bande de Gaza depuis des mois. Aucune justification militaire n’est opposable à cette situation scandaleuse, inhumaine, qui isole Israël sur la scène internationale et attise la haine envers les Juifs, lesquels ne se reconnaissent pas tous dans l’action de Benyamin Netanyahou. Les conséquences de cette politique se vivent jusqu’en France, où un rabbin est attaqué es qualité de représentant d’une communauté, et où de nouvelles générations entrent dans un antisémitisme aussi primaire qu’émotionnel.
Si le sort des armes sur le terrain ne fait - en principe - pas de doute, il est moins que certain qu’Israël ressorte politiquement gagnant de cette période de fureur et de sang. Comment, après tant de morts civils, d’hôpitaux dévastés, d’écoles bombardées, les Palestiniens et le monde arabe pourraient-ils tourner cette page sinistre pour tenter de construire une cohabitation et un avenir pacifiques ? La fuite en avant de cette violence fera inévitablement de nouvelles générations de « terroristes » qui s’en prendront aux intérêts et aux personnes parce qu’elles n’ont pas de moyens légitimes pour exister et organiser une vie tout simplement possible.
Les amis d’Israël, dont la France, ont déjà pris une certaine distance avec Tel-Aviv, en émettant de vives critiques sur l’intransigeance de Netanyahou, en refusant de livrer des armes, en n’apportant plus un soutien systématique à cette démocratie dont les valeurs se diluent dans la guerre. Les seuls qui restent encore inconditionnellement droit dans leurs bottes sont les États-Unis, allié fidèle quoi qu’il en coûte, mais le nouveau front ouvert contre l’Iran pourrait rebattre les cartes, car pour une fois, dès avant les échanges des premiers missiles, le président américain appelait à la retenue pour continuer à négocier avec le régime des mollahs.
Il est entendu que ces derniers veulent la bombe, et qu’il ne faut pas les croire lorsqu’ils font mine d’accepter un contrôle international de leurs activités autour de l’atome. C’est précisément pour cela que Netanyahou a déclenché le feu sur les installations iraniennes, plus confiant dans la force des armes que dans un éventuel accord de limitation, même chapeauté par les Américains.
Jusqu’où et jusqu’à quand Trump soutiendra-t-il Israël ? S’impliquera-t-il militairement comme il menace de le faire maintenant qu’il est démontré qu’il ne peut arrêter une guerre en 24 heures ?
Les prochaines semaines diront si les bombardements sur l’Iran auront empêché, ou retardé, ce pays dans sa quête effrénée de l’arme atomique, si l’attaque d’Israël ne fait pas basculer le Moyen-Orient et le monde dans un futur imprévisible, incontrôlable et à coup sûr plus dangereux encore. Netanyahou en a pris le risque. Il devra aussi en payer le prix un jour qui pourrait être proche, car il apparaît aujourd’hui comme l’agresseur, même s’il affirme n’avoir pas d’autre choix pour garantir l’existence et la survie de son pays.