Secrétaires de mairie : pour Gérard Steppel, « il faut que ces personnes soient reconnues »
- Par Sébastien Guiné --
- le 14 janvier 2024
Pour le maire de Marie, Gérard Steppel, il est « légitime et normal » de relever le niveau de recrutement des secrétaires de mairie.
Métier en tension
Le métier existe dans plus de 29 000 communes et fait partie des 12 métiers les plus en tension de recrutement de la fonction publique territoriale.
La nouvelle loi prévoit, à partir du 1er janvier 2028, que les maires des communes de moins de 2 000 habitants nomment un agent classé au moins de catégorie B pour assurer les fonctions de secrétaire général de mairie et que les maires de 2 000 habitants et plus nomment un agent de catégorie A en tant que secrétaire général de mairie ou bien choisissent un Directeur général des services.
Dès mai 2024, les secrétaires de mairie de catégorie C pourront bénéficier d’une promotion interne en catégorie B.
Pour Gérard Steppel, maire de Marie, commune de 109 habitants, « c’est très bien qu’il y ait cette loi. Il faut que ces personnes soient reconnues compte tenu de leurs responsabilités au quotidien dans la gestion de la collectivité. Il est légitime et normal de relever le niveau de recrutement de C en B. Et pour attirer, il faut que les secrétaires de mairie soient payé(e)s à la hauteur de leurs compétences et de leur engagement ». « Avant, des personnes intégraient la commune et apprenaient le métier sur le tas. C’était souvent l’instituteur, s’il y avait une école, qui était secrétaire de mairie. Aujourd’hui, ce métier demande de plus en plus de technicité ».
Gérard Steppel, inspecteur des Finances publiques conseiller aux décideurs locaux, est bien placé pour évoquer la technicité comptable « en plus de l’état civil, de l’urbanisme, du social… ». « Le secrétaire de mairie est un collaborateur de haut niveau que l’élu doit avoir pour être conseillé, accompagné et sécurisé ». À l’instar de la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp, le maire de Marie s’interroge sur le coût supplémentaire à venir pour les communes. « Mais il ne faut pas que ce soit un frein », assure-t-il.
« J’adore mon métier, on touche vraiment à tout »
- Maryse Deligne est secrétaire de Mairie pour le village de Marie et de Bairols. ©commune de Marie
Maryse Deligne, secrétaire de mairie depuis 1995, met avec enthousiasme toute son expérience au service de deux villages de l’arrière-pays niçois : trois jours par semaine à Marie, deux à Bairols.
Elle affronte sans rechigner les 200 kilomètres hebdomadaires, les intempéries et, malheureusement encore souvent, les coupures internet. Loin d’éprouver une certaine lassitude, Maryse Deligne est toujours aussi passionnée par son travail de secrétaire de mairie. « J’adore mon métier, on touche vraiment à tout : état civil, budget, élections… C’est très enrichissant ». Et elle rappelle qu’elle est là « pour aider les gens », n’hésitant pas à prendre le temps de débloquer un dossier de la CAF si nécessaire. Maryse Deligne, qui fait partie des agents inter-communaux, reconnaît que son travail est devenu plus complexe avec l’avancée de la dématérialisation, censée pourtant simplifier bon nombre d’opérations. Malgré la fibre, les petits villages souffrent parfois de « coupures intermittentes », soupire-t-elle.
Maryse Deligne fait la liste des qualités nécessaires pour exercer ce métier aux multiples facettes : « avoir les épaules solides, être très organisée, avoir une grande adaptabilité, être perspicace et ne pas avoir trop d’ego car il ne faut pas hésiter à demander de l’aide quand on ne sait pas ». Elle explique qu’il lui arrive de « se rapprocher de grosses collectivités comme Nice ou Cagnes-sur-Mer » pour être conseillée. « J’ai de bons contacts et les personnes jouent le jeu ». Elle peut aussi compter sur le Sictiam (Syndicat Intercommunal des Collectivités Territoriales Alpes Méditerranée) en tant que prestataire de logiciels informatiques (pour la population, les ressources humaines et la gestion financière). « C’est primordial pour nous, ils nous sont indispensables », assure-t-elle.
Enfin, « il faut une grande confiance réciproque » entre maire et secrétaire. Ce qui est son cas avec Gérard Steppel à Marie et Jacques Demaurizi à Bairols.
Maryse Deligne fait partie de la catégorie B, avec le grade de rédacteur principal (1re classe), et elle se réjouit qu’avec la nouvelle loi tous les secrétaires de mairie seront au minimum de la même catégorie. « C’est sûr qu’il faut revaloriser pour attirer ». Mais elle se demande comment sera assuré le financement car certaines communes sont déjà « sur le fil ».