Violences urbaines : (...)

Violences urbaines : Les maires font bloc

« Nous refusons que notre pays continue de sombrer dans le chaos ». Après l’attaque contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, avait appelé à une mobilisation citoyenne nationale.

Avant de lire en intégralité un appel collectif des maires de France, David Lisnard, avec à ses côtés le préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez et la députée Alexandra Martin, s’est d’abord adressé aux nombreux Cannois rassemblés devant l’Hôtel de Ville. «  Les sirènes que nous venons d’entendre dans toute la France, les applaudissement nourris, spontanés, témoignent tout simplement de la volonté des maires, des élus, des habitants de la société française, la vraie, celle de ceux qui croient au travail, au mérite, au respect des valeurs, qui savent qu’éduquer des enfants c’est compliqué mais qu’on doit assumer les conséquences de ses enfants mineurs et que ce n’est pas aux autres de payer ». Il a salué à ce sujet la proposition de loi déposée par Alexandra Martin, le 2 novembre 2022, «  visant à renforcer la lutte contre la délinquance des mineurs ». La députée Les Républicains des Alpes-Maritimes souhaite que l’excuse de minorité ne porte plus que sur 20 % de la peine encourue, contre 50 % actuellement, et que le montant de l’amende pour les mineurs de plus de 16 ans passe de 7 500 euros à 12 000 euros. En outre, sa proposition vise à insérer un nouvel article dans le code pénal pour créer une nouvelle infraction « qui renforcerait la responsabilité pénale des titulaires de l’autorité parentale ».

Les cannois présents en nombre pour le rassemblement républicain © Mairie de Cannes

Ordre et justice


L’article 227-17-3 serait ainsi rédigé : « Le fait pour le père ou la mère, ou toute autre personne exerçant à l’égard d’un mineur l’autorité parentale, par manquement à ses obligations résultant de l’autorité parentale, de laisser ce mineur commettre un crime ou un délit est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».

Le président de l’AMF a poursuivi son allocution en expliquant que les applaudissements devant toutes les mairies de France étaient « ceux d’une France qui veut la paix, qui veut la sécurité, qui veut la liberté, qui sait que l’ordre précède la justice, qu’il n’y a pas de justice sans ordre, qui sait également que notre pays ne peut plus être insulté en permanence. Ce rassemblement est celui d’un pays qui ne baissera pas les bras et qui ne baissera pas les yeux ». Il a ensuite lu l’Appel des maires de France dans lequel ils affirment refuser « que notre pays continue de sombrer dans le chaos » (voir ci-dessous). Comme partout en France, les maires des Alpes-Maritimes sont excédés par les incivilités, d’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux à en être directement les cibles. Il y a évidemment eu la « tentative d’assassinat » (qualification retenue par le parquet) à l’encontre du maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, et de sa famille, dont le domicile a été visé par une attaque à la voiture-bélier incendiée. Il y a bientôt deux ans, avant le Salon des maires des Alpes-Maritimes, le maire de Saint-Laurent-du-Var, Joseph Segura, ancien policier, regrettait déjà que les maires soient « à portée de baffes » et que «  de plus en plus d’élus se fassent agresser ».

Large mobilisation dans tout le département

Le rassemblement à l’Hôtel de Ville de Grasse. © Ville de Grasse

L’appel du président de l’AMF, lancé le dimanche 2 juillet, a été très largement entendu avec de nombreux rassemblements le lundi à midi devant les mairies du département. À Grasse, le maire Jérôme Viaud, également président de l’Association des maires des Alpes-Maritimes, a d’abord tenu à adresser aux forces de sécurité un soutien «  sans aucune hésitation, sans aucune réserve et sans aucune condition ». «  La gravité de la situation exige en effet que nous exprimions plus que jamais notre unité et notre solidarité avec nos policiers municipaux, nationaux, nos gendarmes, nos pompiers et nos forces armées qui incarnent avec force nos valeurs et nos principes. J’ai également une pensée pour tous les commerçants et les chefs d’entreprise qui ont vu leur enseigne détruite, et tous les citoyens qui ont dû faire face à cette violence gratuite et injustifiable », a poursuivi M. Viaud. «  Un nouveau cap a même été franchi dans l’inacceptable avec les agressions dont ont été victimes plusieurs élus qui ont été ciblés parce qu’ils symbolisaient la nation. Citons notamment l’attaque inqualifiable de la maire de la ville de Pontoise et la tentative d’assassinat à leur domicile de la famille de M. Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses  ». Pour le maire de Grasse la réponse «  doit être collective  » et « elle doit être forte pour montrer que rien n’est au-dessus de nos lois et de nos principes ».

Solidarité


Devant la mairie d’Antibes, Jean Leonetti a reçu le soutien du député Éric Pauget. « Entouré de nos concitoyens, des élus de la majorité et de l’opposition d’Antibes c’est un appel au calme et un soutien à la police que je lance. Je rappelle aux parents des casseurs qu’ils doivent donner une éducation républicaine à leurs enfants sur des valeurs communes », a indiqué M. Leonetti sur son compte Twitter. À Cagnes-sur-Mer, Roland Constant, premier adjoint au maire, représentait Louis Nègre, en déplacement à Paris au ministère de la Transition écologique. « La ville de Cagnes exprime sa solidarité envers l’Association des maires de France et son président David Lisnard  », a écrit Louis Nègre sur Twitter. « Face à l’insécurité grandissante, des mesures fermes sont nécessaires », a-t-il ajouté. La Ville de Nice avait fait le choix d’un « rassemblement pour la défense des valeurs de la République  » à 18h00.
Le préfet des Alpes-Maritimes, présent à Cannes à midi, se tenait en fin de journée aux côtés de Christian Estrosi et de nombreux élus de sa majorité mais également de l’opposition. « C’est le temps de celles et ceux qui se reconnaissent dans une même communauté de destin. Ce n’est ni un temps politique ni un temps politicien », a déclaré en préambule M. Estrosi, qui a tenu à remercier le préfet, «  les forces de la police nationale, de la gendarmerie nationale et de la police municipale », ainsi que «  tous ceux qui incarnent les institutions de la République, quelles qu’elles soient, toutes nos forces économiques, quelles qu’elles soient, toutes nos forces sociales, quelles qu’elles soient » et « tous les représentants des cultes, qui dans leur diversité sont là ce soir pour montrer que notre nation est une grande nation qui se reconnaît d’abord dans la laïcité  ».

Unité nationale

Christian Estrosi, accompagné sur l’estrade de Bernard Gonzalez et de nombreux élus de la Ville et de la Métropole Nice Côte d’Azur. © S.G.

« Dans le temps que nous vivons nous avons le devoir de nous retrouver dans une unité nationale », a poursuivi le maire de Nice. « Quand je parle d’unité nationale, c’est tout simplement de l’unité de citoyennes et de citoyens qui se reconnaissent dans la même nation. Et il n’y a qu’une nation, elle s’appelle la République française. Et celles et ceux qui se comportent contre la République, contre les acteurs de la République et, pire encore, ceux qui politiquement encouragent leurs positions pour agir contre la République, se mettent tout simplement en dehors de la nation. (…) Et nous devons les juger, les poursuivre et les condamner comme s’étant placés en dehors de la nation française  ». Christian Estrosi a par ailleurs demandé à ce que les parents qui ne sont pas « capables de tenir (leurs) gamins dans une situation pareille » soient « sanctionnés à leur juste mesure  ». Le Président Jacques Chirac avait également rappelé l’importance « capitale » de l’autorité parentale après les émeutes de 2005. « Les familles doivent prendre toutes leurs responsabilités. Celles qui s’y refusent doivent être sanctionnées comme la loi le prévoit. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent être en revanche activement soutenues », avait-il déclaré. Pas de rassemblement non plus prévu lundi à midi à Villeneuve-Loubet mais « un soutien unanime » de la part des élus du conseil municipal « à leurs collègues menacés et agressés par des bandes factieuses et maffieuses », selon un communiqué de presse de la Ville. « Ils se réuniront ce (lundi) soir en mairie pour en débattre et M. le Maire, Lionnel Luca, évoquera le sujet à nouveau dans l’émission en direct ‘Dites-moi M. le Maire’ (…). Les élus villeneuvois appellent d’ores et déjà leurs concitoyens à manifester leur soutien à la République et aux élus qui la représentent, le 14 juillet prochain  ».


L’Appel des maires de France (extraits)

« Nous refusons de regarder passivement les mairies brûler, les magasins pillés, des domiciles de maires attaqués, tous les Français victimes d’actes injustifiables de dégradations et de violences. Malheureusement, cette situation ne nous surprend pas et les maires de France alertent depuis des années sur la dégradation de notre société. Il faudra en tirer le moment venu toutes les conclusions en termes de politiques publiques nationales. (…) La mort d’un jeune homme tué à Nanterre mardi dernier a soulevé une grande émotion. La justice s’est saisie le jour même de l’affaire et a ouvert une enquête. Depuis cette date, partout sur le territoire national, nous faisons face à un cycle inouï de violences, que rien ne peut justifier et qui trahit cette légitime émotion en la transformant en une délinquance de droit commun. Malgré l’intervention des forces de l’ordre et des pompiers, des familles sont mises en danger et doivent être évacuées. Leurs biens personnels sont détruits. Des commerces et des entreprises voient leurs locaux pillés et incendiés. Des maires sont menacés, injuriés ou frappés. Les bâtiments communaux sont saccagés. Ces actes de violence d’une minorité sont inacceptables et pénalisent en premier lieu l’ensemble des habitants. (…) Les Maires de France appellent donc d’abord l’État à rétablir l’ordre républicain : c’est sa responsabilité pleine et entière. Il ne peut y avoir de justice sans ordre. Les maires de France appellent ensuite à une mobilisation civique de la société pour le respect de la République et de la France. Chacun doit y prendre sa part dans la responsabilité et le calme pour que le dialogue puisse reprendre ».


Photo de Une : A Cannes, David Lisnard entouré de la députée Alexandra Martin et du préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez © Mairie de Cannes

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